La peur est une émotion fondamentale et universelle, comme le sont la joie la tristesse, la colère, le dégoût... Elle est indispensable pour nous alerter et déclencher des réponses défensives qui assurent notre survie devant un danger ou une menace immédiate.
Lorsque quelque chose nous fait peur (stimulus sensoriel visuel, auditif, kinesthésique), la première réaction qui se produit dans notre corps est spontanée et inconsciente. Cette réponse immédiate correspond à un arrêt des activités physiques et intellectuelles que nous sommes en train d’exécuter ; autrement dit, on se fige. Pendant ce très court instant notre cerveau s'oriente vers la source potentielle de danger pour évaluer, traiter l'information afin de donner une réponse appropriée à la situation. Si le danger n'est pas réel, notre système d'alarme se calme. Dans le cas inverse la peur entraîne une séquence de comportements qui nous permet de fuir ou de combattre.
Les réactions physiologiques de la peur déclenchées par notre organisme sont :
Une augmentation du rythme cardiaque, de la respiration. La dilatation des pupilles, des bronches, une augmentation de la transpiration, de la tension artérielle et une diminution de l'activité digestive...
C'est l'amygdale (noyau ou « amande » faisant partie de notre cerveau émotionnel) qui est principalement impliquée dans les réactions face à un danger. Le schéma et les explications qui suivent permettent de comprendre comment fonctionne notre cerveau émotionnel (ou limbique) sans que nous ne nous en rendions compte, pour nous faire réagir dans des situations où nous expérimentons la peur.
Après la paralysie (l’arrêt des activités face à un stimulus) deux routes sont empruntées : l'une très rapide, l'autre beaucoup plus lente.
La route rapide : cette voie explique la rapidité de notre système d’alerte naturel. Lorsque nous percevons une forme ou un son étrange (stimulation sensorielle) l'information est transmise directement du thalamus (coordinateur de toutes les informations captées par les sens) à l'amygdale. Cette route est rapide mais imprécise, c'est ici que nous commençons à nous préparer à un danger potentiel même avant de savoir ce dont il s'agit. Ici les réactions émotionnelles sont présentes bien avant que la perception complète du stimulus soit représentée dans notre système cérébral.
A l'inverse, lorsque l'information passe par la voie lente, le thalamus envoie l'information au cortex qui analyse le danger. À ce stade, le cerveau élabore une représentation de l'objet ou de la situation pour la comparer au contenu de la mémoire – l’hippocampe, qui est impliqué dans la mémoire à long terme et implicite, intervient ici. Dès lors, le traitement de l'information est précis et le message est envoyé à l'amygdale pour qu'elle adapte les réactions physiologiques et comportementales en fonction de la situation. Quand il y a un danger « réel », le travail d'activation de l'amygdale se poursuit et dans le cas inverse l'amygdale ramène le tout à la normale... S'active alors le système de freinage ! (c’est le rôle des systèmes nerveux sympathiques et parasympathiques, qui sont impliqués dans les réponses d’accélération et de freinage de notre organisme)
Ex : vous êtes installé dans votre salon en train de bouquiner, et tout à coup vous entendez un bruit étrange ; à cet instant vous vous arrêtez de lire, votre attention auditive et visuelle est puissante et se dirige vers la source. Vous ressentez votre cœur et votre respiration s’accélérer, vos mains deviennent moites... Pendant quelques fractions de seconde et sans en être conscient, votre cerveau traite l'information (cortex frontal, préfrontal et hippocampe), les réponses aux questions qui suivent s'élaborent automatiquement : qu'est-ce que ce bruit, d’où vient-il, à quel souvenir ou expériences déjà connues se rattache-t-il ? Dès que l'information est traitée et reconnue, l'amygdale est avertie ; et si aucun danger n'est présent , elle peut lever l'alerte pour ramener les paramètres de l'organisme à la normale.
Par contre si le bruit correspond à un danger (un intrus) l'amygdale continue à activer le système de défense pour que nous puissions fuir ou combattre.
Ce système qui nous permet de survivre et de réagir face au danger peut se dérégler. Lorsque les réactions ne sont pas ou plus appropriées - c'est-à-dire quand le système d'alerte s'enclenche trop souvent et que les réactions mettent du temps à redescendre - les peurs peuvent devenir pathologiques. Ici peuvent s'installer les phobies, les angoisses, l'anxiété, les TOC, et les stress post-traumatique.
Ainsi, une phobie entraîne des réactions complètement disproportionnées par rapport aux risques encourus.
Elles sont considérées comme des peurs extrêmes et peuvent se déclencher de plusieurs façons : soit de façon directe à la suite d'un événement traumatisant repérable (être mordu par un chien, être piqué par une guêpe, être coincé dans un ascenseur.…), soit de façon indirecte, par l'observation des réactions de douleur ou de peur d'un autre individu (ex : voir une personne se faire mordre par un chien). Elles peuvent aussi naître d'une peur conditionnée, c'est-à-dire de l'association entre un stimulus dangereux et la présence d'un objet neutre, qui par la répétition va donner à cet objet neutre un connotation dangereuse.
Exemple d'une peur conditionnée : si vous vous êtes fait mordre par un chien sur le terrain de votre voisin, vous pouvez par la suite ressentir une peur disproportionnée à chaque fois que vous vous rendez chez lui. Votre cerveau a associé le terrain (qui était neutre) à la morsure. Le déclencheur de la peur devient alors le terrain !
Lorsque nous sommes face à une phobie, les capacités de raisonnement sont réduites car l’organisme est sous l'emprise de l’émotion (« j'ai perdu le contrôle ! »). Dans ce cas, le cortex préfrontal ne traite pas l’information et l'amygdale continue à déclencher les réactions. Le système a alors un niveau de fonctionnement très élevé et le système de ralentissement ne se déclenche pas. C’est pourtant ce qui permettrait de se calmer pour réagir de façon plus adéquate !
Ainsi, la réaction des phobiques correspond à une fuite, à un évitement comportemental et psychologique qui permet de soulager : éviter les transports en commun, éviter de conduire... Cependant, ces solutions - parfois perçues comme des prétextes et fausses excuses - deviennent vite des obstacles qui renforcent l'objet même de la phobie et perturbent la vie quotidienne de la personne.
Les différents types de phobies :
Les phobies simples et spécifiques :
Phobies des animaux (oiseaux, insectes, chiens, chats...) des éléments naturels (orages, obscurité, eau,vide), du sang, des blessures (piqûres, dentiste)
Les phobies sociales :
Ce type de phobie correspond à une peur excessive d'agir en société (à ne pas confondre avec l'agoraphobie). Les personnes qui en souffrent ont une peur excessive du regard et du jugement d'autrui et cela dépasse largement le problème de la timidité ou du manque de confiance en soi. Elles ressentent un véritable malaise à l'idée d’interagir avec d'autres personnes, d'aller à une soirée, de manger dans un restaurant, de faire un exposé, de donner son point de vue ou simplement à l'idée de discuter avec des gens ou de nouvelles connaissances. Les concernés se sentent et se disent « bloqués », et malheureusement on constate que d'autres domaines de vie, tels que le domaine sentimental, professionnel, personnel sont impactés par cette peur irrationnelle. Ici aussi, toutes les stratégies de tentatives de solution renforcent la phobie : en voulant éviter les situations anxiogènes, un cercle vicieux s'installe - les personnes s'isolent et leur estime de soi se voit diminuer.
L'agoraphobie :
Comme nous venons de le voir, la phobie sociale correspond à une peur des interactions sociales sans que le lieu soit forcément le déclencheur de la peur. Le cas de l'agoraphobie est plus handicapant, car seuls les lieux publics deviennent le stimulus de la peur.
Ces personnes craignent de ne pas trouver de solution ou d'aide en cas de fortes réactions ou crise de panique .
En général, cette peur extrême s'installe à la suite d'une attaque de panique (crise d'angoisse aiguë, brutale et intense) ou d'un traumatisme vécu en public.
Nous notons aussi que cette phobie s’entretient par la peur de la mort et par la peur de revivre cet événement en public. Ici aussi les personnes évitent les situations anxiogènes, s'isolent et s'enferment chez elles jusqu' à ne plus vouloir en sortir.
Ainsi nous venons de voir en quoi les stratégies de solutions maintiennent les phobies (quel que soit le genre de phobie) et comment celles-ci peuvent s'aggraver et s’étendre à tous les domaines de vie, jusqu’à constituer un véritable handicap.
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